La mécanisation et l’automatisation ont modifié la forme des guerres comme elles ont modifié la forme de la concurrence donc de l’économie libérale.
Les objectifs génériques sont les mêmes. Les mots sont les mêmes. Le vocabulaire militaire avait envahi le vocabulaire des affaires. Les managers se voyaient en chefs de guerre. Ils parlent de leadership, de direction opérationnelle, de capacité de décision, de stratégie. Le modèle est le même seule la fin diffère.
Depuis (peut-être) une vingtaine d’années, c’est le vocabulaire des entreprises qui a contaminé le vocabulaire de notre société jusque dans les maternelles. La culture économique a envahi la société. Les enfants rêvent de « gagner de l’argent ».
Leur guerre se joue sur le terrain des chiffres ce qui les oblige à avoir les yeux rivés sur des indicateurs toujours plus nombreux dont la fiabilité doit dépendre de moins en moins du facteur humain. Moins l’humain intervient dans la réalisation d’une activité, plus la quantification de cette activité est objective et fiable. Il faut écarter l’humain. C’est intellectuellement imparable. Le délire actuel sur la sécurité n’est qu’une variante de cet état d’esprit.
Un adversaire vaincu est un adversaire absorbé, ou qui a déposé son bilan, ou qui a été « liquidé ». Ce n’est pas un adversaire qui s’est contenté de déposer les armes et de capituler. Un acteur économique veut la disparition de ses adversaires même si officiellement « la concurrence est bonne pour les affaires ». Les grands patrons rêvent d’hégémonie. La liberté d’entreprise qui joue la carte de la libre concurrence conduit mécaniquement à une situation hégémonique que les Etats sont censés combattre.
Un Etat démocratique a besoin que ses citoyens aient un emploi. Une grande entreprise n’est pas une démocratie. Le débat « démocratique » dans une entreprise tourne autour des conditions de travail et de la rémunération. Si le personnel disparaît, l’obligation de débat démocratique disparaît et donne les coudées franches aux dirigeants pour se concentrer sur le vrai sujet qu’est pour eux la victoire sur l’adversaire économique et la satisfaction de leurs patrons actionnaires.
L’économie libérale est au résultat pire que la guerre. JSCOB…?