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Le médecin est devenu un boulon de 12. https://www.linkedin.com/pulse/la-fabrication-des-boulons-de-10-11-12-francis-lonnoy/

Je ne cherche pas à me faire mousser. Je ne veux pas me réécrire.

Le médecin / chirurgien était de la race des seigneurs comme le pilote de chasse l’était dans l’armée de l’air. La systématisation des processus en a fait un rouage. Il est le prestataire final d’un process logistique qui doit permettre le retour sur dépense et sur investissement. Le médecin / chirurgien n’est plus à la tête de la chaîne de valeur mais à la fin, au contact du client. « On » va donc chercher à « optimiser » sa performance.

Dès lors que les clés du camion ont été données à des gestionnaires, la petite fourmi industrieuse qui apportait la plus value à la structure a fini par être identifiée comme le frein à l’amélioration de la performance, alors qu’elle était la performance dans l’ancien système.

https://www.linkedin.com/pulse/le-travail-une-deux-dehors-francis-lonnoy/

Le secret médical pouvait en partie être assimilé au secret défense dans l’armée. Il pouvait aider à cacher une certaine incompétence. Aujourd’hui, les médecins peuvent être notés sur les réseaux sociaux en contournant les chaînes officielles pour leur mise en cause.

La gestion du planifié et de l’inopiné : le gestionnaire préfère le planifié… Planifier, c’est optimiser.

Avec un Etat qui a la main sur les remboursements et des clients qui ont majoritairement des moyens limités. La carte vitale est devenue depuis longtemps une carte bleue. Le flux généré par les praticiens peut être contrôlé, piloté,… La médecine privatisée se détache progressivement de la médecine comme un iceberg se détache de la banquise. C’était le cas avec les cliniques pour riches, les dessous de table, les dépassements d’honoraires. Aujourd’hui cela va devenir de plus en plus manifeste. Il est possible que Bernard Arnault s’intéresse à ce business dans son projet de construction d’un monde pour les très riches.

Le problème est pour les patients qui sont entre les deux mondes (privé pour riches et conventionné pour le tout-venant), voire les trois (si j’ajoute celui de la CMU qui pourrait aussi se détacher de son côté). Je vois donc une médecine à quatre vitesses avec un système hybride au milieu pour les « clients » qui ont un peu de moyens financiers.

Les médecins peuvent se déconventionner mais ils devront être bons car, mis à part de riches patients, la facture sera discutée et ils seront mis en concurrence avec une obligation de résultat qu’ils n’ont pas aujourd’hui.

Le problème est sociétal. Notre société évolue selon une approche industrielle. L’homme est dans des processus que l’on cherche à optimiser coûte que coûte (on va se faire soigner à l’étranger pour moins cher ou pour bénéficier des soins dernier cri : tourisme médical). Si un automate peut le remplacer avantageusement, ce sera fait. On se passera ainsi des acteurs de santé épuisés ou pas à la hauteur. Les gestionnaires feront leurs comptes et en arriveront « logiquement » à cette conclusion.

Le problème de fond est la place « suprémaciste » donnée à l’argent et au pouvoir afférent donné aux gestionnaires. La santé est clairement devenue un enjeu uniquement économique. L’ordre mondial est économique. L’argent en est l’alpha et l’oméga. Il est de plus présent partout dans les process qui sont systématiquement valorisés, comme autant de preuves « d’intelligence ».

La santé reste au centre de l’attention là où l’argent n’est pas le problème : pour les riches, comme c’est le cas pour tout ce qui peut s’acheter.

La formation et la sélection de nos praticiens continueront à se faire par le biais du gavage de cerveau et de la réussite à des QCM, en espérant que ceux qui sont faits plus pour ce métier que pour les études qui y conduisent réussissent à passer le filtre. JSCOB…?

PS : dernière assertion contre les « gestionnaires » – on ne peut améliorer que ce que l’on peut mesurer. Comment mesurer la qualité de la pratique d’un étudiant ? Est on sûr de remplir des quotas en pratiquant ce genre de sélection, à condition que ce soit possible ? Idem pour tous les managers sortis des écoles de commerce, de tous les ingénieurs sortis des grandes écoles scientifiques,…

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