On aurait volé l'élection au RN en constituant un faux front républicain.
C'est oublier que ce mécanisme existe depuis les élections de 2002, J. Chirac face à JM Le Pen. Chirac l'a alors emporté avec un score putinien sans accepter de débat durant l'entre-deux-tours. Un comportement peu démocratique aussi longtemps que l'on n'a pas la preuve que le FN équivaut au parti national socialiste allemand de l'avant-deuxième guerre mondiale.
Chirac est devenu PR tout en ayant parlé de "l'odeur" dans certaines cités.
La gauche avait alors massivement reporté ses voix sur le candidat de droite sans que personne ne trouve cela anormal. C'était de la Realpolitik.
La communication, les éléments de langage et les slogans ont remplacé le discours politique et les convictions qui le soutiennent.
Les idéologies ont vécu. Celles de gauche ont été vaincues par l'irrésistible machinerie consumériste. La religion du libéralisme, du profit devenu surprofit, a supplanté toutes les idéologies. Elle est largement soutenue par la "science" économique qui se laisse porter par le modèle de fonctionnement du monde occidental qui a contaminé la planète entière. Les économistes ne font que débattre sur les modalités de mise en oeuvre du capitalisme, sans remettre en cause ni son bienfondé ni son but. La science économique sert l'histoire racontée à la population depuis la Révolution française de 1789 qui fut en fait la révolution de la bourgeoisie contre la noblesse.
Même la gauche ne parle plus que de "projet". Le langage de l'entreprise a remplacé celui des idéologues politiques, comme il l'a fait à l'école : projet, profil, performance, compétence, résultat,... Les grands principes assortis de mesures liées à la conjoncture et à la situation des électeurs visés ont été remplacés par une liste de promesses, une liste de courses électorales. Chacun fait son marché : l'offre et la demande.
Les projets évoluent par nature, ce qui n'est pas le cas des idéologies qui présentent une permanence dans leur fondement. Elles n'évoluent qu'à la marge pour s'adapter au contexte. Tout le monde peut s'approprier durablement une idéologie. Un projet est soumis à l'évanescence de notre mémoire. Avec la fin des idéologies, ce sont les grands repères qui ont disparu.
Aujourd'hui, l'ex FN est altruiste, social, adepte des valeurs universelles qui fondent le vivre ensemble, à condition d'être Français et patriote. La Gauche serait raciste, communautariste, xénophobe.
E. Macron a voulu profiter de la disparition des idéologies et de la suppression afférente de la frontière entre la gauche et la droite, pour créer un parti situé au "centre". Il a voulu en faire un parti unique à la mode soviétique ou chinoise, rejetant mécaniquement les autres partis dans les "extrêmes". De plus, la novlangue était déjà passée par là, permettant à l'ex-FN de lisser son image et de refiler le mistigri de l'extrémisme à la Gauche avec l'aide appuyée des médias, du pouvoir en place et des partis situés au centre et à droite.
Parle-t-on pourtant toujours à Gauche de révolution ou de dictature du prolétariat ? Non. Ces partis ont acté la primauté du modèle de l'économie de marché. Ils sont donc ramenés au rang de syndicats qui se battent pour les droits des plus faibles. Ce faisant, la Gauche a oublié son électorat de base, le monde ouvrier, parce que celui-ci s'est dilué dans notre société de services. Elle n'est plus capable de lui parler, de le mobiliser, comme elle n'a pas vu venir la crise des Gilets Jaunes.
La manoeuvre du PR annoncée dans son courrier aux Français pour empêcher la Gauche de prendre la tête du gouvernement n'est que l'aboutissement et l'expression au grand jour du fonctionnement de la technostructure qu'est devenue notre Etat soumis au pouvoir de l'argent et de ceux qui le détiennent : novlangue et gestion intéressée de la chose publique au profit d'une minorité, la majorité étant résignée (?) à ne ramasser que des miettes et à survivre de plus en plus.
La pensée politique s'est convertie en pensée entrepreneuriale. Le PR ne fait plus de politique mais de la gestion de données. JSCOB...?