Ralph Waldo Emerson (25 mai 1803 - 27 avril 1882) est un essayiste, philosophe et poète américain.
Réussir sa vie : » Rire souvent et sans restriction ; s’attirer le respect des gens intelligents et l’affection des enfants ; tirer profit des critiques de bonne foi et supporter les trahisons des amis supposés ; apprécier la beauté ; voir chez les autres ce qu’ils ont de meilleur ; laisser derrière soi quelque chose de bon, un enfant en bonne santé, un coin de jardin ou une société en progrès ; savoir qu’un être au moins respire mieux parce que vous êtes passé en ce monde ; voilà ce que j’appelle réussir sa vie. « « s’attirer le respect des gens intelligents et l’affection des enfants,… », dès le début, un doute me saisit. Puis « apprécier la beauté,… ».
Une personne vivant seule au fond d’une forêt en Alaska, même si elle apprécie la beauté de cette dernière, n’aura pas réussi sa vie ? Elle contribuera à la limitation de la population d’humains sur Terre.
Est-ce un but de « réussir sa vie » ? Vu de la Nature et de l’Univers, la vie est « réussie » à partir du moment où nous existons et que nous avons procréé. Intrinsèquement, il n’y a pas de but moral. Vu de l’Univers, la réussite n’a pas de sens. La « réussite » résulte du fait que ce qui doit ou va (?) être, est. Des espèces ne sont pas des réussites si elles ne sont pas capables de s’adapter et qu’elles disparaissent sans autre explication que celle de leur propre fait, ou qu’elles ne tracent pas la voie à de nouvelles espèces. Dans la Nature, la réussite est le résultat de l’Evolution.
La réussite est donc un concept, une invention humaine pour donner un sens à la vie. Les buts apparaissent avec le système dans lequel nous vivons et qui attend des résultats. A partir de ce moment, on peut décliner la « réussite ». On y introduit une dimension morale car les résultats doivent être jugés « positifs ».
Donner une définition de la réussite, c’est enfermer chaque individu, qui est différent, dans une idéologie. Celle-ci ne peut qu’évoluer dans le temps, avec l’environnement. Le concept de réussite porte en lui l’explication de son échec. C’est une chimère humaine sauf si elle reste du domaine de l’intime.
Y a-t-il des points permanents dans ce concept ?
Que dirait sur ce sujet un nouveau né s’il était doué de parole ? Rien de ce qui nous ramène à ce que nous avons fait de la vie. Il pourrait déjà dire : subvenir à mes besoins puis, avec l’expérience, subvenir aux besoins de ceux qui ont pu dépendre de moi quand et s’ils ont eu besoin de moi. Chacun est sensé « faire quelque chose de sa vie ». Ma vie peut être réussie si je ne l’ai pas faite aux dépens d’autres, ces autres étant soumis aux mêmes contraintes que moi. On entrevoit immédiatement un dualisme entre les caractères objectif et subjectif de la « réussite ». La réussite est, par exemple, un moteur du fonctionnement interne des organisations. Dans ce cas précis, la réussite est quantifiée. Elle n’est qualifiée qu’au vu d’un « parcours » comme d’autres réussissent à grimper une montagne.
Faut-il avoir été plus profitable que nuisible à son environnement ? Non. C’est une approche mathématique de choses qui ne sont pas quantifiables. Une vie réussie est une vie à la fin de laquelle on peut se dire : si c’était à refaire, je pourrais refaire la même chose. Un voyou peut avoir eu une vie « réussie ».
L’espèce humaine va-t-elle « réussir » ? Réussir quoi ou à quoi ? Une part est liée à son attitude, l’autre part est liée à la Nature. JSCOB…?